lundi, mai 6, 2024
Poltique

Mark A. Green (USAID) interpelle les acteurs de la riposte et prévient sur Ebola: « de longs et difficiles mois nous attendent »






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Aujourd’hui, la rédaction vous propose la tribune de Mark A. Green, administrateur de l’Agence américaine pour le développement international.

Cette semaine, j’étais en République démocratique du Congo (RDC), où le virus mortel Ebola a tué près de 2000 personnes, poussant l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à faire une déclaration d’urgence de santé publique de portée internationale. L’OMS a travaillé dur pour diriger la riposte internationale à cette crise. Il s’agit de la deuxième plus grande flambée d’Ebola de l’histoire et elle exige une riposte internationale solide et unifiée allant au-delà du traitement médical des victimes de la maladie.

Les États-Unis sont le premier pays donateur au monde dans cette crise, avec une contribution de $136 millions fournie par l’USAID et l’assistance technique importante assurée par d’autres agences depuis le début de l’épidémie l’an dernier. Nous travaillons en étroite collaboration avec l’OMS et la communauté internationale, tenant compte des leçons apprises et des innovations développées lors de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014.

En tant qu’administrateur de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), et avec l’appui de l’administration Trump, j’ai déployé l’an dernier en RDC une équipe d’élite chargée des catastrophes, composée d’experts de l’USAID et des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies du Département de la santé et des services sociaux des États-Unis.

L’insécurité généralisée et la méfiance des communautés se trouvent au centre du défi visant à contenir et guérir cette maladie.

De nombreux conflits et actes de violence, en particulier dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, entravent l’accès aux professionnels de santé et perturbent les opérations de riposte. Certains auteurs de ces violences sont des bandes armées qui se disputent le contrôle des terres et des ressources. D’autres sont des extrémistes qui tentent de rendre des zones ingouvernables ou d’envoyer des messages politiques.

Mais l’insécurité est beaucoup plus profonde. Des décennies de régime autoritaire et corrompu au cours desquelles les communautés n’ont pas eu voix au chapitre au sein de leur gouvernement ont fragilisé la confiance du peuple congolais dans les institutions. Des personnes vivant dans une pauvreté extrême ont vu des kleptocrates s’enrichir en vendant des ressources naturelles et en détournant des fonds de ceux qui en avaient le plus besoin.

Cette situation a alimenté une profonde méfiance à l’égard des personnes considérées comme étant de l’extérieur—y compris, trop souvent, les agents de santé héroïques qui tentent de gérer la riposte à Ebola. Il sied de prendre en considération la méfiance des communautés à l’égard des institutions nationales et de l’aide, afin de garantir l’efficacité des actions de santé publique.

Pour commencer, les États-Unis exhortent toutes les parties à s’engager plus sérieusement auprès des organisations non gouvernementales déjà présentes sur le terrain dans l’est de la RDC, dont beaucoup sont des prestataires de soins de santé communautaires dignes de confiance qui devraient être intégrés dans la riposte plus large.

Nous lançons également un appel en faveur d’une plus grande transparence de la part de toutes les parties qui sont engagées dans la riposte, en ce qui concerne le partage des données et les dépenses de fonds. Cet effort suscitera l’adhésion des communautés locales et des donateurs potentiels. En outre, nous continuerons de faire pression pour que les professionnels de santé disposent de tous les outils dont ils ont besoin pour lutter contre la maladie. Ceci inclut le déploiement d’une stratégie robuste de vaccination dans les zones à risque de la RDC et dans les communautés situées le long des frontières du pays.

Nous appellerons également les autres donateurs bilatéraux à faire leur part. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont généreusement appuyé les efforts de l’OMS. La Banque mondiale a également fourni d’importantes ressources. Les autres partenaires doivent intervenir, et rapidement.

L’équipe d’élite qui est déjà sur le terrain a soutenu des campagnes de vaccination, en sus de son assistance à l’amélioration des diagnostics de laboratoire ainsi qu’aux tests et à la recherche des contacts.

Nous avons également facilité d’importantes campagnes d’engagement communautaire— lesquelles ont joué un rôle capital pour mettre fin à l’épidémie en Afrique de l’Ouest en 2014—comprenant des dispositions à l’attention des équipes d’inhumations « sûres et dignes », afin de réduire au minimum les contacts dangereux avec des dépouilles qui pourraient encore être contagieuses.

Cette semaine, l’ambassadeur des États-Unis en RDC, Mike Hammer, et moi-même nous sommes entretenus avec des responsables du gouvernement de la RDC pour demander instamment que des mesures immédiates soient prises pour régler les problèmes de fond qui entravent les efforts visant à mettre fin à l’épidémie d’Ebola.

Nous saluons les efforts déployés par le président de la RDC, Félix Tshisekedi, pour forger un partenariat solide avec le gouvernement des Etats-Unis, tout en reconnaissant la nécessité d’entreprendre d’importantes réformes d’ordre politique et sécuritaire qui redonneront à la population l’espoir d’une relation plus dynamique avec le gouvernement central. Les visites du Président Tshisekedi dans la région touchée par le virus Ebola et les récentes mesures prises par le Coordonnateur de la riposte à Ebola en RDC, le Dr Jean-Jacques Muyembe, pour améliorer la coordination avec les nombreuses parties prenantes impliquées dans la riposte sont des signes prometteurs soulignant la volonté du gouvernement de la RDC de continuer à accorder une attention particulière à l’épidémie.

Nous sommes loin de contenir cette épidémie mais, comme l’a dit le nouveau Coordinateur des Nations Unies pour les interventions d’urgence pour l’Ebola, David Gressly, rien n’est insurmontable, malgré tous les défis auxquels nous sommes confrontés. Je suis d’accord, mais je sais que des mois longs et difficiles nous attendent.






Source Actualte.cd

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