Kasaï Central : Dans une lettre ouverte à Tshisekedi, les victimes du massacre de Nganza réclament « justice »
Les victimes des tueries en mars 2017 par des présumés soldats FARDC dans la commune à Kananga ont adressé le 1er août dernier, une correspondance à Félix Tshisekedi pour lui demander justice et réparation pour les meurtres massifs des civils.
La correspondance a été signée par 417 victimes et réceptionnée par le service courrier de la présidence le 19 août.
» Au cours du mois de mars 2017, les forces de défense et de sécurité du secteur opérationnel grand Kasaï, de la légion nationale d’intervention et du 2101 régiment des FARDC avaient lancé une opération porte à porte dans notre commune, pendant plusieurs jours, elles se sont introduites de force dans nos habitations et ont commis des atrocités multiformes « , relatent les victimes.
Les signataires affirment que lors de ces opérations, les forces régulières ont tiré à balles réelles sur leurs proches.
» Leurs cadavres ont été soit indignement enterrés dans les fosses communes ou les tombes parcellaires bien identifiées soit amenés vers des destinations inconnues par les militaires et policiers. Comme si cela ne suffisait pas, les forces de sécurité avaient transformé les corps de certaines femmes et de leurs filles en espace d’exercice de représailles sauvages par des viols collectifs et pillé nos biens de valeur nous plongeant dans une situation de précarité et de pauvreté extrême « , dit la lettre.
Les victimes qui qualifient ces actes d’ignobles heurtant toute conscience humaine, révèlent que les officiers militaires, les soldats et policiers, auteurs de ces actes ont été redéployés ailleurs et que le dossier judiciaire ouvert à l’auditorat militaire de Kananga ne connaît pas de progrès significatif en dépit de l’enquête menée et appuyée par le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) sur une centaine de femmes victimes de viol.
Les victimes prient le président Tshisekedi de bien vouloir “doter la justice civile et militaire œuvrant dans la région du Kasaï des ressources humaines, matérielles, financières, techniques, logistiques et opérationnelles pour que les auteurs qui ont commis ces actes ignobles répondent de leur responsabilité pénale et que les victimes obtiennent réparation”. Elles souhaitent “la mise en place d’un processus inclusif de justice transitionnelle ou dans l’extrême impossibilité, défèrement par requête délibérée en conseil des ministres la situation du Kasaï en général et celle de la commune de Nganza en particulier à la cour pénale internationale ».
Pour le contexte, le 27, 28 et 29 mars 2017, au plus fort de l’insurrection des miliciens Kamuina Nsapu, les forces régulières arrivées nuitamment à Kananga avaient assiégé la commune de Nganga qui servait de bastion aux miliciens. Selon plusieurs ONG et un prêtre de l’église catholique en fuite depuis, entre 186 et 300 personnes ont été tuées.
Sosthène Kambidi
Source Actualte.cd