Le pèze. Le blé. L’oseille. Les radis. Le pognon. Les
billets. Le fric. La thune. Les biftons. L’argent. Ce qui sépare les riches des
pauvres. Mais qu’est-ce que l’argent? Plus
de 71% des Congolais vivent avec moins de un dollar américain par personne par
jour. Selon un Rapport mondial du PNUD sur le développement humain,
l’indicateur de développement humain (IDH) de la RDC est de 0,286 et l’indice
de pauvreté multidimensionnelle (IPM) de 0,393%. Mais cela veut dire quoi ?
Que ce pays n’a pas d’argent ? Que nous mourons ? Qu’il n’y a pas de
rêve congolais ? Vous ne seriez pas assis là à me lire, si vous aviez
réponse.Je vais répondre : cela veut dire que ce pays est malade d’argent. Nous avons tous la maladie de l’argent. Non, je ne parle pas de l’élément chique. Je parle de ce butin qui procure à ses détenteurs de la Sécurité ou du bonheur – tranquillité d’esprit. Une profonde addiction qui donne sens à une vie. Qui nous fait se lever chaque matin, à sa quête, jamais satisfaite. « La fricomanie » nous frappe tous. Jeunes, vieux, femmes et filles. César l’avait compris. Il y mettra sa face. A tel point que même le Christ Jésus recommandera que l’on le lui rende. Mobutu également. Il y mettra son visage. Pendant des décennies, il sera ainsi au coeur des quêtes existentielles dans son royaume du Zaïre. Mais le propre de l’argent est qu’il ne suffit jamais à ses détenteurs. Nous sommes tous « toxicofrics ». Nzanga Mobutu, qui avait le visage de son paternel sur le billet est revenu ici à Kinshasa, en courant, pour prendre un poste juteux au gouvernement. Voyez-vous ?C’est ainsi que ce monde se retrouve dans l’abîme. Des valeurs bafouées. Les cœurs endurcis. Les riches, ceux qui volent tout l’argent d’un côté, les pauvres, ceux qui sont jaloux d’eux, de l’autre.Au Congo, il y a les affaires et la politique pour accéder à l’argent. Mais comme la quantité n’y est jamais suffisante, certains ont mis en scène les bonnes vieilles pratiques occidentales, dénommées « corruption ». Cependant, au lieu de l’appliquer comme l’aurait enseigné le grand seigneur Mobutu à Sakombi Inongo : « vole un peu laisse un peu », nos nouveaux malades d’argent font exactement l’inverse. Des exemples sont larron. Le dernier en date est sans doute celui de 15 millions. Toute une nation en furie. Les uns et les autres en colère. Mais jamais sincères. Ils en veulent à Vital Kamerhe, le voleur attitré qu’aucune preuve tangible ne condamne. Dans le fond, tous aussi jaloux que ces mots qui se suivent, manquant retenu et patience.Pour autant, dans cette l’affaire, deux messiers seuls ont récupéré le pactole de quatorze millions et quelques milliers de dollars. Même pas quinze millions. Il s’agit – évitons la prison et citons une source – d’après le rapport des inspecteurs de l’IGF, de Georges Yamba Ngoie, Conseiller chargé des questions financières et des produits stratégiques au Cabinet du Ministre de l’Economie Nationale et Célestin TWITE YAMWEMBO, Secrétaire Général à l’Economie Nationale. Selon les courriers en annexes du rapport de l’inspection générale des Finances, ce duo a été mandaté par le Ministre de l’économie nationale Joseph KAPIKA, d’abord en date du 14 septembre 2017, puis le 09 janvier 2019, comme répondant auprès de la Rawbank. C’est donc eux deux qui auraient opéré les retraits durant le mois de juin, de toute cette somme recherchée désormais. Des morceaux des relevés de comptes attachés à ce rapport tant rependus l’expliquent mieux.Mais alors, pourquoi diable toute une République accuse Kamerhe ? D’abord parce qu’on adore le détester ! Oui, ce Kivutien trop intelligent à la tête d’un coupable idéal. De plus, c’est un spécialiste en esquives politiques. Un peu comme eux tous, mais lui, on n’a du mal à le supporter. Mais plus sérieusement, la réponse est simple. Mais toujours est-il que depuis l’arrivée du super Direcab à la Présidence congolaise, aucune sortie d’argent n’est effectuée sans l’autorisation du Palais de la nation. Ajouté à ceci, le fait que les deux messiers cités ci-haut sont toujours en liberté, à l’heure où la LUCHA, en quête d’un second souffle, orpheline de Kabila, bondit sur l’occasion pour une énième marche de 24 personnes. Le Congo cherche ses quinze millions, mais à la Présidence, où il y a pourtant des champions des promesses anti-corruption il y a à peine onze mois, on est plus préoccupé à traquer des inspecteurs de l’IGF, dans un autre dossier, relevant les linges salles du toit conjugal du coupe Tshisekedi-Kabila.Voyez-vous, nous sommes tous malades d’argent. Nous sommes « toxicofrics », nous souffrons de la « fricomanie ». Nos cris contre ceux qui volent là où nous souhaiterons être les seuls, ne seront même pas entendus. On ne retrouvera jamais les quinze millions tant recherchés. Il y a aura, avec un peu de bonne foi, une bonne explication à la clé, ou un autre scandale sorti tout droit des tiroirs des adversaires politiques qui ont pondu cette affaire à fric, pour nous faire oublier.En attendant, tenez bon, lisez le Fondé, rendez à Félix ce qui est à lui : le temps d’apprendre, de s’installer durablement, et, peut-être avec un peu de chance, de se rappeler d’où il vient, et de la promesse qu’il faisait jadis : « le peuple d’abord ». Car à la fin, oui à la fin, comme le disait si bien Rossy, ce peuple-là gagne toujours.LITSANI CHOUKRAN,
Le Fondé.
[ad_2]
Source Politico.cd
add a comment